ACTE FINAL/ LA DELIVRANCE...
En cette veille de mon «D-Day», je suis un peu comme le type qui attend, du fond de sa cellule, le petit matin enfin arrivé, où la porte s’ouvre sur la rue sans limite ;
comme le minot, dans sa couverture, qui sait la visite imminente du mystérieux livreur de jouets, l’hiver en guirlandes !
La nuit est garée depuis un bail déjà, la maison sous silence, endormie. Je continue à piétiner des ronds, du clavier au dehors, un œil sur le forum déserté, un autre sur la montre qui me dit que je ne suis pas raisonnable.
Dans pas longtemps, Pierrot va débouler avec son fauteuil à cylindres, pour me déposer enfin sur le lieu de la rencontre...
En même temps, je me pardonne, l’épreuve a été terrible, l’attente interminable et sans nouvelle, l’incertitude avec la crainte grandissante que le Monster allait se pointer dans mon garage en Septembre ou pire Octobre !
La nuit est finalement passée...
J’ai beau crécher en pleine brousse, où d’ordinaire, c’est le coq du coin qui est en charge de sonner aux fainéants, mais ce 10 juillet, c’est le sifflement du bi allemand qui accompagne les premiers rayons.
Mon Pierrot arrive, sur son machin qui en impose. On dirait le chevalier Bayard, avec le modulable en position «off», le cuir tané, l’armure renforcée aux épaules.
Il a sorti pour l’occasion toutes les sacoches que l’on peut fixer sur la RT. On va pouvoir y fourguer les papelars, des fringues plus légers pour être à l’aise une fois à destination.
Bon, un café, les croissants... pi zou !
Je m’incruste en position arrière, coincé entre Bayard et l’armoire top case derrière, en fauteuil quoi !
Le temps est tiède, la lumière gourmande, le paysage de la petite route est rien que pour nous presque, je suis bien !
Avé le Ducatom, il est plus ou moins prévu de se retrouver à mi-chemin à Aulnay. Il doit lui aussi aller chez Ducatiland avec sa fiancé et le fréro tout juste breveté.
A Aulnay, pas l’ombre d’une goutte d’huile de vieux cafras italiens ! La rue est paisible, les gens font quelques courses comme on fait les courses dans les villages, tranquilles la main toujours tendue vers l’autre, la conversation facile.
Avec Pierrot, on se jette un café en terrasse en attendant.
Je fini par décrocher le téléphone pour savoir un peu où la cavalerie se trouve...
« Allo ??? Zêtes où ???»
- heuuuu, piting, on est pas encore parti (gêne)... mon frère, il est à la bourre et pas complètement arrivé, pi on polishe les mobs...»
!!!!!!!
Le fréro n’est pas là ; le Tom polishe pour passer le temps... je ne suis po sûr que ce soit la mob moi, mais c’est une autre histoire, pi surtout pas mes
roustons oignons...
En tout cas, les Ducatom brother’s and pretty girl, j’espère qu’ils n’officient pô à l’ Amicale des Sapeurs Pompiers de leur cité !!!
Avec des pinpons pareils, mieux vaut prévenir le «18» avant de foutre le feu à ta case...
M’enfin, avant que le polish sèche et que le frangin ouvre la paupière, nous, on redécare direction Poitiers.
Aux environs de la grande ville, la pression monte !
Quand je parle de «pression», que les buvards du fofo ne se fassent pas l’image, ce n’est pas du liquide à houblon que je cause, non mais l’autre, le petit trac, la bouboule qui se serre, pô une qui stresse dans le négatif, une qui annonce les bons moments imminents ; sorte de roulements de tambour avant le numéro final.
Je compte les feux, les rond-points, on passe l’aéroport, PIIITIIING... L’ENSEIGNE DUCATI !!!
J’ai la gorge serrée, je suis timide d’un coup !!!!
Faut croire que c’est un grand jour ! Notre venue semblait annoncée, on a droit à un chouette comité d’accueil garé sur le parking à côté de la boutique.
Les types qui le composent n’aiment pas l’extravagance et les couleurs !
Ils nous la jouent plutôt sobre, dans les camaieux de bleus, tirant sur le sombre, du linge au bahut, osant, le peu de coquetterie que peut avoir cet équipage : poser sur le toit du van une zolie lumière qui clignote sa lumière... bleue.
Bon, on fait comme si de rien n’était et on va faire refroidir la BM à l’ombre de l’autre côté de la vitrine.
A partir de cet instant, j’ai la pile qui surchauffe, les ampères qui se libèrent, je centrale nucléaire à plein nuage blanc, je ne maîtrise plus, je court-circuite de partout comme le ferait la foudre un soir d’éclairs sans chocolat !!
Je rentre comme une bombe dans la grotte à domibaba, bizarement, je n’ose regarder les motos qui exposent leurs vernis comme un mannequin expose ses os sans graisse sur le papier glacé des couvertures très tendances.
Immédiatement, je repère au comptoir, le petit homme à la tête de poupon qui épluche de ses yeux ronds la liste épaisse comme un annuaire jaune, de la facture suite à la remise en état de son Zippo italien (les 60 000 km + extinction des feux...).
Je le sais, ça ne peut être que lui, je ne le connais pas, mais j’en suis certain, c’est :
PTIT’BEN !!!
Un vrai monument du forum des fous !!!
Le garçon est attachant dans la seconde, au premier regard. Tu as l’impression (encore) de le connaître depuis toujours. Il est comme «Tintin», l’enfance au premier plan, sans âge.
La coupe de cheveux à la brosse, façon matelot qui fait le tour du monde accompagné de son pompon.
C’est étrange ce sentiment premier qui semble commun à chaque rencontre avec les gens de ce forum, le Patoche, le Dom, le Tomy, pi Ptit’Ben... !!! Chaque première rencontre est retrouvaille !
AHHH le p’tit Bichon, faut pô lui raconter, ni le vanner !!! Il a du répondant le petit être, il balance velu, du tac au tac, comme sur sa brèle, il te met en boîte à la lucky-lucke, sans que t’es le temps de voir le geste...
Pi si t’as l’impression qu’il est frais pondu de la semaine avé sa tête de poussin tout lisse le Ptit’Beurre, il a la boîte à idées bourrée jusqu’aux oreilles le minot !!!
Une bible, un dico, le Larrousse et le petit lettré réunis, Wilkipédia le consulte régulièrement pour compléter leurs fiches contre un plein de 98 de temps en temps...
Sur la marque Ducati, avec le Ben, en cinq minutes, t’as fait le stage «découverte» et «perfectionnement» !
Mon Pierrot qui je le rappelle «BMise», lui demande au hasard, sans trop attendre la réponse, ce qu’est le système «desmo».
Pfffff ..... Vlà la démonstration qu’il nous a fait le piti !!!!
Il avait du mal mettre les mots dans l’ordre le Bichon, tellement les infos lui arrivaient de son disque dur ! Il parlait à toute allure.
Il nous fait l’historique de la marque, l’invention Mercedes reprise plus tard par les italiens, le principe du système avec schémas à l’appui avec ses bras qui tournaient comme un moulin autour du regard clair et toujours rond...
Ptit’Ben est un GRAND homme, que personne ne me dise le contraire !!!
Il nous a impressionné l’animal, on l’adopte sans condition notre étoile !
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Après ce premier coup de cœur, j’ai droit à mon deuxième quand Dom me demande de faire le tour du podium et de regarder sur le côté...
Elle est là, qui m’attendait, toute rouge de confusion, belle comme personne !
Je reste devant comme un glan, n’osant pô la toucher...
on doit paraître ridicule !
C’est à ce moment là qu’un bruit mêlé d’orage et de cliquettis déchire l’instant arrêté...
c’est notre polisheur, sa contesse et le fréro réveillé qui déboulent !
Ils sont en veine, les bleus ont plié les gaules depuis vers un autre coin plus propice à cueuillir de l’amende.
On a droit à un stoppy du Grand Tom...
Le Pierrot commence sérieusement à se demander si on ne va pas lui griller son armoire allemande...
Je le rassure du regard.
Présentation, bonnes vannes itouitou ...
Bref... (je coupe sinon, vous allez me pourrir de ne pas mettre sur le fofo les impressions...
reconnaissez qu’il faut un peu de temps pour reformuler tout cet ensemble d’émotions !).
Bien, il est midi passé, on décide d’aller tous se ravitailler, le plein d’émotions commence à creuser, pi c’est l’heure du biberon pour Ptit’Ben.
Les biberons font du bien, la mousse est fraîche, Tom attaque déjà son steak aux échalottes sans échalotte...
L’après midi, il avait été convenu d’un retour via St-Jean, faire un coucou à Nelly et Thierry, le Tomy et sa bande devant nous y conduire.
Le temps que tout le monde fasse ses affaires ; un casque pour le petit frère, un kit chaîne pour le monstre jaune de Marina, j’en profite pour passer mon habit de lumière et de filer à l’anglaise voir ma belle italienne garée dehors pour une présentation plus intime.
Je cours avec Dom vers le monster, MON Monster !!!
Dom me fait les présentations d’usage, l’essentiel du poste y passe, commodos, affichage et...
il met le contact et appuie sur le démarreur...
BRRRROOOOAAAAAA !!!!!
PIITIIIING !!!! LA MUSIQUE !!!! la même que celle qui m’avait fleurie les cages à miel il y a un bout de temps sur une 4 voies. (un 1048 > voir post de présentation).
j’en reviens pô !!! les flûtes d’origines, elle chante déjà comme Pavarotti !
Là, c’est le choc de la journée, illico JE SUIS AMOUREUX XXL !!!!
Je cherche le défaut, le truc cheap monté en urgence histoire de contenir le tarif. Je ne vois que de la belle pièce, du dessin soigné et ....ce bruit !!!!
OOOH PPIITIING !!! AIE BILIVE AIE CANE FLAILLE !!!
D’ailleurs, je ne suis pas tout à fait sûr d’avoir les pieds qui touchent...
Je me colle illico l’ AGV sur la tête, le Ptit’Ben n’est pas loin et avant que les autres ne déboulent avé une caméra indiscrète, attirés par le grondement italien...
J’enclenche la 1ère... du beurre ... et zou ! ma princesse rouge et moi, on décare pour la première fois pour un petit tour. Il était temps, j’entends derrière la voix du Tom :
« OH putain !!! vite ma caméra !!!!...»
Les premiers tours de roues avé sa meule raide neuve sont très particuliers.
D’abord, tous les repères, les vieux automatismes se heurtent à la nouvelle donne.
Ici, rien n’est comparable avec ce que je connais. De la position à la réponse moteur, c’est surprise surprises.
Pi c’est aussi l’angoisse du rôdage ô désespoir qui arrive très vite, la première enclenchée :
NE PAS DÉPASSER LES 4000 t/m !!!!
Mais elle demande déjà que ça l’insouciante, elle me montre sa bonne volonté, elle m’avoue à demi coups de pistons joueurs qu’elle a itou du sentiment pour ma personne...
Je dois être le plus sage des deux, je la freine, pas facile, l’œil en permanence bloqué sur le graph, l’autre sur les feu rouges, les radars éventuels, les caisses en weekend...
Manquerait plus que je me bourre !!!
Je vois déjà le retour penaud chez Dom, le Ptit’Ben mouillant ses couches sous la caméra moqueuse du Tommy !!!
Pas droit à l’erreur donc, un peu déroutant ! Vite trouver les premières marques, régler les gestes à la moto, comprendre son souffle, anticiper déjà la montée en régime...
Je reviens au store, ces gestes de survie acquis, pas encore libéré et pourtant déjà sur le nuage.
Le Tom est planté là avé son numérique. Il a foiré le départ, bon, il se fait un honneur de ne pas louper le come back. La honte à lui si il revenait la caméra vide !
Son truc au Tom c’est le reportage animalier ! Le JB dans la savane, le Gnack au point d’eau ou à l’affût d’une proie à bracos. Il parle même à les oreilles des bourins, la preuve il me cause pi me balance des questions... je ne suis pô vraiment en état de répondre !
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Cela commence à faire un sacré moment que la journée de folie a commencé.
La tension est toujours dans le rouge, je suis au sommet... les neiges éternelles,
niveau 7 du haut de la banane sur l’échelle de «Rit chter»,
je ne réalise pas que la chose est à moi...
Ensuite, on attendra un moment que Yannis finisse le kit chaîne de Marina. Finalement Tom décide de rentrer direct sur Niort pour un coucou aux «vendéens pour 2 jours».
On décide de rentrer de notre côté, il se fait tard, il se fait chaud, j’ai le bridage qui n’est pô compatible avé la vitesse standart des fadas aux bracos.
Tanpis pour la présentation à Nel et Thierry, ce sera une autre occasion.
Et le retour ? pffffffffff.... une autre histoire.
Y a pas ma Ducati, je l’ai bien mérité quand même !!!
THE END.